Histoire et mémoire
AULUS, CENTRE RÉGIONAL d’ASSIGNATION
La loi du 4 octobre 1940 de l’État Français autorise les préfets à assigner à résidence ou à arrêter les Juifs étrangers. L’État Français applique sa propre politique de persécution antisémite. Le village d’Aulus-les-Bains est désigné par le Préfet de région « centre régional d’assignation ». Courant 1942, plus de 800 personnes reçoivent l’ordre de rejoindre le village dans un délai de 5 jours. Ils se déplaceront et se logeront à leurs frais. Tous n’obéiront pas mais la majorité arrivera à Aulus.
Groupes d’assignés à Aulus, 1942
ASSIGNATIONS, RAFLES ET DÉPORTATIONS
« Un matin, les gendarmes sont arrivés. Ma mère et moi, on a réussi à se cacher dans une grange. Et au bout de deux jours, elle m’a dit de descendre (…) vers l’Hôtel chercher à manger. Mais le quartier général était dans l’hôtel. On m’a vu me faufiler et donc on m’a dit de venir… devant celui qui dirigeait la rafle. Il y avait un bureau où il y avait un gendarme ; et c’est là où il m’a giflé et m’a demandé où était ma mère. (…) Comme je me suis mis à pleurer, il m’a giflé…(…) Je ne sais pas si je lui ai dit ou pas dit. D’ailleurs ça m’a traumatisé pendant trente ans. »
– Témoignage Israël Véléris (extrait)
Bronja Stupp écrit à sa mère et son fils restés à Aulus, le 27 août 1942 :
« Ma très chère Maman, mon enfant aimé,
Je ne sais pas comment commencer cette lettre, je suis si épuisée, si troublée que je ne peux plus raisonner. Je n’arrive pas encore à m’imaginer que c’est tout à fait vrai qu’on m’a arrachée à vous.
À Dieu de nous laisser en vie.
Maman, je t’en prie, reste forte, rien que pour le petit (…). »
– Témoignage Bronja Stupp
Itinéraire de la famille Stupp
- Mars 1938 : Joseph Stupp, 3 ans, fuit Vienne, en Autriche, avec ses parents, Max et Bronja, pour se réfugier à Anvers. Max est négociant textile.
- Octobre 1939 : Max se porte volontaire pour rejoindre l’armée belge, mais n’est pas retenu.
- 13 mai 1940 : la famille Stupp fuit précipitamment la Belgique pour la France.
- 30 juin 1940 : elle trouve refuge à Toulouse, puis à Luchon.
- 15 septembre 1941 : Max est arrêté à Toulouse et interné au camp du Récébédou, au sud de Toulouse.
- 23 avril 1942 : Joseph, sa mère, Bronja, et sa grand-mère, Mathilde Stupp, sont assignés à Aulus-les-Bains par le préfet régional.
- 19 mai 1942 : Bronja réussit à se rendre à la préfecture de Toulouse pour plaider la libération de son mari. Sa demande est rejetée.
- 9 juin 1942 : Max est transféré au camp du Vernet.
- 8 août 1942 : Max est déporté à Drancy
- 19 août 1942 : départ pour Auschwitz où il sera assassiné.
- 26 août 1942 : Joseph et sa mère, Bronja, sont arrêtés et emmenés au camp du Vernet.
- 27 août 1942 : Joseph est libéré et rejoint sa grand-mère restée à Aulus-les-Bains.
- 2 septembre 1942 : Bronja est transférée à Drancy, puis déporté déportée le 4 septembre à Auschwitz où elle sera assassinée.
- 11 janvier 1943 : Joseph et sa grand-mère sont arrêtés à Aulus-les-Bains et conduits dans la Creuse, en résidence assignée. Ils y demeureront jusqu’à la fin de la guerre.
- 1948 : tous deux émigrent en Israël. Joseph deviendra un physicien important. Il aura quatre enfants.
Bronja Stupp, Max et Joseph avec Mathilde, 1936
Les stèles d'Aulus-les-Bains
Solidarité et humanité
« Entrez ici pour vous souvenir mais aussi pour espérer.» - Elie Wiesel
L’entraide entre les personnes assignées, les valeurs de solidarité des montagnards et leur connaissance des sentiers ont permis de sauver des vies humaines.
Vue générale du port de Guillou, lieu de passage.
Après la rafle du 26 août 1942, de nombreux Juifs sont cachés, ravitaillés, aidés par des Aulusiens. Certains ont réussi à fuir en regagnant Saint-Girons puis d’autres régions françaises ou étrangères. D’autres, après de longues marches, sont passés en Espagne, guidés par des passeurs.
Jeanne Acgouau Rogalle, 1940
Famille Ané Prince devant la cabane d’estive sur le plateau de Guzet d’Aulus
Le titre de « Juste parmi les Nations » est décerné par le Mémorial Yad Vashem d’Israël aux personnes non juives qui ont aidé des Juifs en péril durant la Seconde Guerre mondiale, en se mettant eux-mêmes en danger, sans en retirer le moindre avantage. À Aulus, 12 personnes ont reçu ce titre, 20 pour tout le département de l’Ariège. D’autres villageois auraient pu être également reconnus, mais les recherches nécessaires n’ont pas été menées de leur vivant.
Médaille des Justes de Jeanne et Jean Baptiste
Jean-Pierre, Marie et Jeanne Acgouau, 1940
Noms des passeurs d’Aulus qui ont reçu ce titre :
• Jean, Guillaume, Jean et Marianne Ané,
• Germaine Bacque, sa mère Marie et sa sœur Justine,
• Catherine Trompette et sa fille Huguette,
• Jean-Pierre Acgouau, sa fille Jeanne et son futur époux Jean-Baptiste Rogalle.
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