Histoire et mémoire
AULUS, CENTRE RÉGIONAL d’ASSIGNATION
La loi du 4 octobre 1940 de l’État Français autorise les préfets à assigner à résidence ou à arrêter les Juifs étrangers. L’État Français applique sa propre politique de persécution antisémite. Le village d’Aulus-les-Bains est désigné par le Préfet de région « centre régional d’assignation ». Courant 1942, plus de 800 personnes reçoivent l’ordre de rejoindre le village dans un délai de 5 jours. Ils se déplaceront et se logeront à leurs frais. Tous n’obéiront pas mais la majorité arrivera à Aulus.
![Groupes d’assignés à Aulus, 1942](https://espace-memoire-histoire-vivante-aulus-les-bains.com/wp-content/uploads/2021/09/groupe-assignes-1-768x1172.jpg)
![Groupes d’assignés à Aulus, 1942 - 2](https://espace-memoire-histoire-vivante-aulus-les-bains.com/wp-content/uploads/2021/09/groupe-assignes-2.jpg)
Groupes d’assignés à Aulus, 1942
ASSIGNATIONS, RAFLES ET DÉPORTATIONS
![Israël Véléris et sa mère](https://espace-memoire-histoire-vivante-aulus-les-bains.com/wp-content/uploads/2021/10/israel-veleris-et-sa-mere.jpg)
« Un matin, les gendarmes sont arrivés. Ma mère et moi, on a réussi à se cacher dans une grange. Et au bout de deux jours, elle m’a dit de descendre (…) vers l’Hôtel chercher à manger. Mais le quartier général était dans l’hôtel. On m’a vu me faufiler et donc on m’a dit de venir… devant celui qui dirigeait la rafle. Il y avait un bureau où il y avait un gendarme ; et c’est là où il m’a giflé et m’a demandé où était ma mère. (…) Comme je me suis mis à pleurer, il m’a giflé…(…) Je ne sais pas si je lui ai dit ou pas dit. D’ailleurs ça m’a traumatisé pendant trente ans. »
– Témoignage Israël Véléris (extrait)
![Portrait Bronja Stupp](https://espace-memoire-histoire-vivante-aulus-les-bains.com/wp-content/uploads/2021/09/portrait-768x876.jpg)
Bronja Stupp écrit à sa mère et son fils restés à Aulus, le 27 août 1942 :
« Ma très chère Maman, mon enfant aimé,
Je ne sais pas comment commencer cette lettre, je suis si épuisée, si troublée que je ne peux plus raisonner. Je n’arrive pas encore à m’imaginer que c’est tout à fait vrai qu’on m’a arrachée à vous.
À Dieu de nous laisser en vie.
Maman, je t’en prie, reste forte, rien que pour le petit (…). »
– Témoignage Bronja Stupp
Itinéraire de la famille Stupp
- Mars 1938 : Joseph Stupp, 3 ans, fuit Vienne, en Autriche, avec ses parents, Max et Bronja, pour se réfugier à Anvers. Max est négociant textile.
- Octobre 1939 : Max se porte volontaire pour rejoindre l’armée belge, mais n’est pas retenu.
- 13 mai 1940 : la famille Stupp fuit précipitamment la Belgique pour la France.
- 30 juin 1940 : elle trouve refuge à Toulouse, puis à Luchon.
- 15 septembre 1941 : Max est arrêté à Toulouse et interné au camp du Récébédou, au sud de Toulouse.
- 23 avril 1942 : Joseph, sa mère, Bronja, et sa grand-mère, Mathilde Stupp, sont assignés à Aulus-les-Bains par le préfet régional.
- 19 mai 1942 : Bronja réussit à se rendre à la préfecture de Toulouse pour plaider la libération de son mari. Sa demande est rejetée.
- 9 juin 1942 : Max est transféré au camp du Vernet.
- 8 août 1942 : Max est déporté à Drancy
- 19 août 1942 : départ pour Auschwitz où il sera assassiné.
- 26 août 1942 : Joseph et sa mère, Bronja, sont arrêtés et emmenés au camp du Vernet.
- 27 août 1942 : Joseph est libéré et rejoint sa grand-mère restée à Aulus-les-Bains.
- 2 septembre 1942 : Bronja est transférée à Drancy, puis déporté déportée le 4 septembre à Auschwitz où elle sera assassinée.
- 11 janvier 1943 : Joseph et sa grand-mère sont arrêtés à Aulus-les-Bains et conduits dans la Creuse, en résidence assignée. Ils y demeureront jusqu’à la fin de la guerre.
- 1948 : tous deux émigrent en Israël. Joseph deviendra un physicien important. Il aura quatre enfants.
![Bronja, Max et Joseph Stupp à Vienne en 1936](https://espace-memoire-histoire-vivante-aulus-les-bains.com/wp-content/uploads/2021/10/famille-broja-stupp-768x1096.jpg)
Bronja Stupp, Max et Joseph avec Mathilde, 1936
![Bronja Stupp, Max et Joseph avec Mathilde, 1936](https://espace-memoire-histoire-vivante-aulus-les-bains.com/wp-content/uploads/2021/10/bronja-stupp-max-et-joseph-avec-mathilde-1936-768x510.jpg)
Les stèles d'Aulus-les-Bains
Solidarité et humanité
« Entrez ici pour vous souvenir mais aussi pour espérer.» - Elie Wiesel
L’entraide entre les personnes assignées, les valeurs de solidarité des montagnards et leur connaissance des sentiers ont permis de sauver des vies humaines.
![Vue générale du port de Guillou, lieu de passage.](https://espace-memoire-histoire-vivante-aulus-les-bains.com/wp-content/uploads/2021/10/port-de-guillou-768x773.jpg)
Vue générale du port de Guillou, lieu de passage.
Après la rafle du 26 août 1942, de nombreux Juifs sont cachés, ravitaillés, aidés par des Aulusiens. Certains ont réussi à fuir en regagnant Saint-Girons puis d’autres régions françaises ou étrangères. D’autres, après de longues marches, sont passés en Espagne, guidés par des passeurs.
![Portrait de Jeanne Acgouau Rogalle](https://espace-memoire-histoire-vivante-aulus-les-bains.com/wp-content/uploads/2021/10/jeanne-acgouau-rogalle-768x1134.jpg)
Jeanne Acgouau Rogalle, 1940
![Famille Ané Prince devant la cabane d’estive sur le plateau de Guzet d’Aulus](https://espace-memoire-histoire-vivante-aulus-les-bains.com/wp-content/uploads/2021/10/famille-ane-prince-cabane-estive-plateau-de-guzet.jpg)
Famille Ané Prince devant la cabane d’estive sur le plateau de Guzet d’Aulus
Le titre de « Juste parmi les Nations » est décerné par le Mémorial Yad Vashem d’Israël aux personnes non juives qui ont aidé des Juifs en péril durant la Seconde Guerre mondiale, en se mettant eux-mêmes en danger, sans en retirer le moindre avantage. À Aulus, 12 personnes ont reçu ce titre, 20 pour tout le département de l’Ariège. D’autres villageois auraient pu être également reconnus, mais les recherches nécessaires n’ont pas été menées de leur vivant.
![Médaille des Justes - Jeanne et Jean-Baptiste](https://espace-memoire-histoire-vivante-aulus-les-bains.com/wp-content/uploads/2021/10/medaille-justes-jeanine-jean-bastiste-768x512.jpg)
Médaille des Justes de Jeanne et Jean Baptiste
![Portrait de Jean-Pierre, Marie et Jeanne Acgouau en1940](https://espace-memoire-histoire-vivante-aulus-les-bains.com/wp-content/uploads/2021/10/jean-pierre-marie-jeanne-acgouau-768x924.jpg)
Jean-Pierre, Marie et Jeanne Acgouau, 1940
Noms des passeurs d’Aulus qui ont reçu ce titre :
• Jean, Guillaume, Jean et Marianne Ané,
• Germaine Bacque, sa mère Marie et sa sœur Justine,
• Catherine Trompette et sa fille Huguette,
• Jean-Pierre Acgouau, sa fille Jeanne et son futur époux Jean-Baptiste Rogalle.
HORAIRES D’OUVERTURE DE L’ESPACE MUSÉAL
À partir du 2 juin 2024 :
Lundi, jeudi, dimanche de 14h à 17h (vacances scolaires et périodes de cure).
ENTRÉE LIBRE